« Nous étions plusieurs à sentir qu’il fallait défendre et protéger tous ces éleveurs, tous ces fromagers, tous ces vignerons qui s’acharnaient à préserver les traditions, à défendre leur terroir et une certaine excellence. »
lundi 14 juin 2010, par Arnaud Sperat-Czar
Une boutique-restaurant à Porto Vecchio pour savourer le meilleur et le plus rare de l’île.
A deux pas de l’église de Porto Vecchio, L’Orriu concentre le meilleur de la Corse, à déguster sur le pouce au bar à vin, attablé au restaurant ou à acheter pour chez soi. Fromages fermiers, vins, charcuteries, d’origine corse certifiée uniquement, ce sanctuaire aux épais murs de pierre vaut en soi le déplacement. Côté boutique, une pluie de jambons, pendus au plafond, semblent tomber du ciel. Dans le fond, une pièce sombre à l’ambiance plus fraîche regorge de saucissons, figatelli, vuleta, coppa, lonzu et autres merveilles de la charcuterie insulaire, achetées à des éleveurs que l’on imagine peiner à retrouver leurs porcs laissés en liberté, le tout affiné lentement, très lentement... L’ensemble donne l’impression d’un grand capharnaüm.
Les stocks en montagne
Côté restaurant et bar à vin, la présentation est plus ordonnée et les bouteilles des meilleurs vignerons de l’île s’alignent sagement sur les murs. Deux terrasses, très courues des vacanciers, cernent l’ensemble. Idéales pour déguster une assiette de charcuterie, dont les saveurs intenses et profondeurs sont cajolées par des textures tout en fondant.
Et puis, il y a la patronne, Danielle Andreani, l’âme des lieux, qui raconte avec gourmandise, fait goûter, ne se lasse pas de décrire les lieux et les hommes dont les produits emplissent sa cave. Cette femme énergique aux traits expressifs puise dans la volonté de sauvegarder les richesses du patrimoine corse l’essentiel de sa philosophie et de ses certitudes. « Le magasin existe sous cette forme depuis 1985, raconte-elle, lorsque nous avons décidé de nous spécialiser en produits corses. Nous étions alors plusieurs à sentir qu’il fallait défendre et protéger tous ces éleveurs, tous ces fromagers, tous ces vignerons qui s’acharnaient à préserver les traditions, à défendre leur terroir et une certaine excellence. Nous avons choisi de ne proposer que des fromages fermiers au lait cru et nous ne travaillons qu’avec des éleveurs de porcs corses protégés par l’AOC Nustrale : il ne sont plus que 31 ! » Daniella propose ainsi des saucissons de 18 mois et des jambons de 2 à 3 ans d’âge : « Les producteurs gardent leurs stocks en montagne, nous ne les descendons que lorsque leurs produits sont arrivés à maturité ».
L’affaire familiale tourne bien. Son époux, Jean-Louis, tient la caisse et se montre intarissable sur les traditions et les combats politiques insulaires. Sa fille, Delia, avec plus de retenue, tient la partie vins et restauration, la Cantina di L’Orriu. Bien plus qu’une boutique, une immersion gourmande dans l’univers corse où l’on prend plaisir à venir, revenir, s’attarder...