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Le prix de l’indignité

vendredi 3 janvier 2014, par Arnaud Sperat-Czar

On taira par décence le nom et la localisation de cette boutique coquette, vaste et élégamment décorée, installée dans la galerie marchande d’une grande station de ski savoyarde : de grands vins, des charcuteries locales alléchantes et une belle table réservée aux fromages… Le charme s’arrête là. Car non, vous ne rêvez pas : ce beaufort hors d’âge (2 ans et demi), dans un état calamiteux, vous est offert pour… 70€ le kilo. Et vous n’avez encore rien vu !

Sous le "cœur de meule", un beaufort aux truffes à 99,90 € le kilo ! il y aura bien quelques riches touristes russes, nombreux dans cette station, pour se laisser tenter par le "bon goût français" et se permettre ce luxe. Encore faut-il que la qualité des produits soit irréprochable. Or la photo suivante montre vite la roublardise du commerçant et, pour tout dire, son imposture.

Le beaufort, lézardé de lainures et crevasses trop nombreuses, a été coupé grossièrement dans l’épaisseur, selon une horizontale très hésitante. Le "professionnel" ne l’est pas assez, semble-t-il, pour réaliser de belles coupes franches. Sur les côtés, le fromage semble avoir été entaillé à l’aide de poinçons. On n’ose à peine en rire, mais la garniture de truffes ("des truffes noires du Périgord", nous annonce-t-on), évoque une maçonnerie trop rapidement réalisée. Quant à la façon de déguster et d’apprécier l’ensemble, on vous laisse faire preuve d’imagination.

Toute l’offre fromagère est du même acabit. Les frères Schmidhauser, créateurs du Moelleux du Revard (déjà évoqué, ici, sur ce site) vont avoir bien du mal à reconnaître leur bébé, dans un état de délabrement avancé. Seul le prix a résisté à tout.

Quant à cette tomme fumée, dont la découpe tortueuse semble indiquer que le commerçant en est resté au fil à beurre, on n’ose imaginer le goût que doit avoir le fromage du dessous. Au moins nous fait-il la grâce de nous indiquer, sur l’étiquette, qu’il s’agit d’un fromage fort.

Les producteurs d’abondance seront, à leur tour, horrifiés par l’image désastreuse que cette image renvoie de leur appellation d’origine. Avec beaucoup de culot, on peut faire passer, auprès de touristes naïfs, des vessies pour des lanternes et de l’incompétence (ou malhonnêteté) pour une recherche d’authenticité. On n’est pas sûr que le "fromager" servira à sa propre table les invendus.

Une offre indigne à des prix stratosphériques : ou comment dissimuler, sous les oripeaux de la tradition, un grossier attrape-gogos. Attention, certaines images peuvent heurter la sensibilité des amateurs de fromages.


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